Asterix et Obélix

Asterix

Asterix

A défaut de posséder l'impressionnant physique gonflé à l'hélium des héros forts en torse dessinés avant lui par Albert Uderzo, Astérix est le seul anti-héros qui ait jamais autant collectionné les succès et les exploits. Dans ses aventures, bien sûr, où sa ruse légendaire et la précieuse potion magique du druide Panoramix lui ont permis de se tirer des pires difficultés, en se couvrant souvent au passage de gloire.

Astérix a ainsi fait main basse sur la couronne de lauriers de César, a remporté une médaille d'or aux Jeux Olympiques (et sans potion magique, s'il vous plait), a accompli avec brio les 12 travaux fomentés par un César qui se risqua à un pari osé avec nos irréductibles gaulois… A son contact, les bretons ont découvert le thé, les belges ont eu l'inspiration divine qui les a conduit à faire frire les pommes!

Quant à la BD qui porte son nom, elle est depuis plus de 45 ans un phénomène de l'édition, et le «petit bonhomme» Astérix est devenu un mythe et un symbole international de toutes les résistances aux Empires qui tentent d'imposer ici ou là leurs lois et leurs monopoles. René Goscinny expliquait que le nom de son héros, avec son initiale «A», «représentait un avantage indéniable pour les classements alphabétiques des futures encyclopédies de la BD», mais imaginait-il à l'époque que son «nabot» gaulois ferait ainsi l'histoire de la BD?

Et que dire des triomphes d'Astérix au cinéma? Malgré tous ses succès, Astérix garde les pieds sur terre, et vous pouvez être sûr que ridiculiser les Romains et goûter à un savoureux banquet avec tous ses amis suffit toujours à son bonheur, et à celui de ses lecteurs.

Obelix

Bien décidé à faire d’Astérix un anti-héros allant à l’encontre de tous les codes alors établis dans le monde de la BD, René Goscinny ne souhaitait surtout pas donner à son personnage principal un acolyte qui jouerait à ses côtés le rôle classique du faire-valoir.

Mais Albert Uderzo, quelque peu frustré de n’avoir pas dessiné avec Astérix un Gaulois costaud comme il rêvait d’en créer, ne pu s’empêcher de lui adjoindre un grand et fort guerrier, plus proche des impressionnants personnages tout en muscles qu’il excellait déjà à dessiner.

Très peu présent dans la première aventure, Obélix devient rapidement un personnage essentiel que ses auteurs enrichissent au fur et à mesure. Il est reconnu comme le héros que les lecteurs préfèrent : tous les sondages placent Obélix en tête des personnages favoris du village. Une enquête auprès des lycéennes et collégiennes couronne même Obélix comme le personnage le plus «sexy» des Gaulois!…

Dans les aventures signées René Goscinny et Albert Uderzo, on le découvre tour à tour susceptible (qui est gros?), sensible (on l’a vu pleurer devant un happy-end amoureux), et bien sûr gourmand. Sorte d’enfant qui aurait grandi trop vite et qui n’aurait pas encore conscience de sa force (à sa décharge, il faut dire que tout le monde n’est pas tombé dans la marmite de potion magique quand il était petit!), Obélix est une source inépuisable de gags. Grand maladroit devant l’éternel, il est irrésistible, que ce soit quand il se bagarre, quand il tombe amoureux (et cela arrive souvent!), quand il comprend tout à retardement, quand il abuse de boissons alcoolisées («Farpaitement!»)…

Avec lui, c’est toujours l’heure de la récré (enfin… quand le goûter est fini!), et rien ne porte vraiment à conséquence, puisque ce sont tous les autres qui sont fous. La potion magique permettrait-elle de retrouver l’innocence propre à l’enfance? Pas sûr que les Romains partagent cette appréciation…

Asterix
Asterix

Idéfix

Quel destin pour Idéfix qui n’était au départ, dans le scénario du Tour de Gaule, qu’un «petit chien de race indéterminée» se trouvant incidemment à la porte d’une charcuterie de Lutèce! A partir de cette note sur le scénario de René Goscinny, Albert s’est amusé à glisser, après en avoir parler avec son ami, le petit chien de Lutèce dans les cases suivantes de l’album. C’est la raison pour laquelle le chien ne participe pas directement à l’aventure. Seule la toute dernière vignette voit Obélix se pencher vers ce petit chien, comme pour lui signifier : «bienvenue au village».

Depuis, Idéfix a fait des petits (au sens propre, dans Astérix et Latraviata), mais surtout son rôle a pris de l’ampleur. Baptisé suite à un concours dans le journal Pilote (après un choix fait par les auteurs parmi des propositions telles que «Patracourcix» ou «Papeurdurix»), Idéfix joue un rôle prépondérant dès l’album Astérix et Cléopâtre où son flair permet de sauver nos héros d’une triste fin dans une pyramide (il y a pire comme tombeau, mais quand même!), et est devenu depuis célèbre pour ses préoccupations écologiques très en avance sur son temps (il ne supporte pas qu’on fasse du mal aux arbres).

Dans les années 70, Idéfix aura même droit à sa propre collection d’albums, avec de nouveaux amis animaux qui l’accompagnent dans des aventures aujourd’hui très recherchées par les collectionneurs. Le petit chien gaulois ira jusqu’à en remontrer au fameux lion de la Metro Goldwyn Mayer en aboyant dans le logo des Studios Idéfix, entreprise crée par René Goscinny et Albert Uderzo pour la conception du film d’animation Les douze travaux d’Astérix.

Et son ascension semble ne pas devoir s’arrêter puisque Albert Uderzo, qui n’a jamais caché son grand plaisir à le dessiner, lui a régulièrement donné un rôle dans les albums dont il a écrit les scénarios, jusqu’à lui donner la parole, à la grande surprise d’Astérix, dans l’histoire estampillée 2003 Chanteclairix, à lire dans l’album La Rentrée Gauloise.

Panoramix

Dans un village comme celui d’Astérix, peuplé de grands enfants qui ne pensent qu’à paresser, ripailler ou se bagarrer, il fallait bien une figure paternelle, un sage reconnu comme tel pour éviter à la communauté de sombrer dans une joyeuse mais réelle anarchie.

Ce rôle est tout naturellement tenu par Panoramix, le druide vénérable du Village, détenteur du savoir, et notamment du secret de la potion magique dont il a lui-même créé la recette (ce qui fait de lui la vedette de tous les rassemblements annuels des druides dans la forêt des Carnutes).

S’opposant à la force brute déployée sans discernement par un Empire Romain bêtement autoritaire, Panoramix est le garant d’une autre idée de l’ordre, fondée sur des valeurs nettement plus humanistes. Il s’interdit ainsi de donner de la potion magique lors de querelles intestines entre Gaulois, n’hésite pas à soigner un Romain en difficulté, et veille sous les yeux d’un Idéfix sensible aux problèmes écologiques à la préservation de la forêt qui entoure le village (oui, oui, il a aussi inventé des potions magiques pour ça ! A voir dans Le domaine des dieux).

Au final, force est de constater que sa méthode est couronnée de succès : alors que la hiérarchie romaine s’effondre bien vite sous les coups de boutoir d’Obélix, Panoramix est le seul à inspirer suffisamment de respect pour faire entendre raison au fameux livreur de menhirs. Et vous en connaissez beaucoup vous qui oseraient dire avec fermeté à Obélix : « Non, Obélix, non! » quand il s’est mis en tête de boire de la potion magique?

Asterix